mercredi 24 décembre 2008

L'exposition tibétaine- Ji Xiang Ha Da (I)

(Edito: le texte publié ci-dessous , rédigé par moi(Delphine /DONG Zhihong) est un témoignage et une réflexion sur l'Exposition de la culture tibétaine qui a récemment eu lieu sur Shanghai. Vous êtes invités à découvrir l'événement même mais aussi les aspects culturels tibétains, dont certains renseignements se trouvent sur les sites indiqués en fin de l'arcticle. Tous commentaires sont les bienvenus.)



Une exposition tibétaine, Ji Xiang Ha Da/Auspicious Hada, s’est tenue récemment à Shanghai. J’en suis au courant assez tôt, mais j’ai traîné et j’ai traîné, et lorsque j’ai décidé d’y aller dimanche dernier, j’ai rendu compte que c’est la dernière journée de leur passage à Shanghai. Une durée de 7 jours seulement, du 13 au 21 décembre : on dirait une expo-éclair. Pourtant, celle-ci est dite « de la plus grande envergure/biggest ever » sur le Tibet depuis 1949, avec deux bonnes années de préparation.

Le tarif normal est de 60 yuan, c’est bien le prix européen et ça revient quand même un peu cher, car l’on n’avait pas d’habitude de payer autant pour une exposition ici. Ce serait aussi une barrière invisible quant au choix du public: les personnels administratifs, les autorités de l’art et de la culture et les principaux medias qui auraient forcément reçu les tickets offerts ; les gens internationaux, les gens cultivés, dont les jeunes employés et les étudiants. Autrement dit, les potentiels chercheurs ou touristes ou/et amateurs du Tibet et de sa culture. Autant espérer que ces bénéfices aidera à la conservation et à la transmission des patrimoines tibétains.

Si l’on veut y aller juste parce que l’on croit pouvoir découvrir ce qu’est le Tibet, ça risque d’être décevant, du point de vue voyageur pas tellement touristique ; et j’ai compris cela avant de m’y rendre, en lisant les infos et les photos sur l’Internet. Déjà à l’entrée, on tombe sur une petite installation des Feng Ma Jing Fan, enseignes qui flottent dans les vents de plateau et sur lesquelles sont écrites les textes religieux : « ong-ma-ni-ba-me-hong/rõ », les mêmes textes sont gravés sur les pierres Ma Ni que j’évoquerai plus tard. (Je vous invite à les murmurer devant le feu de la cheminée du Noêl pour s’acquérir de la quiétude et la fortuna d’origine tibétaine, en plus des cadeaux du Réveillon.) C’est l’un des paysages les plus communs dans les régions tibétaines, mais là, ces enseignes me paraissent assez forcées, tant qu’elles ont quitté leur milieu religieux ; de même que les tentes, dépeuplées et déplacées des plateaux au hall d’exposition.

Je parle de ça moins comme une critique que comme un constat de ce que j’ai resenti, je me rappelle que lors de ma visite du Louvre après mon séjour en Italie, en regardant les peintures religieuses italiennes illuminées des lumières des lampes, je déplorais la disparition du charme ambiant des tableaux qui se trouvaient jadis sur les murs des églises et qui nous inspiraient un sentiment mystique sous la lumière du jour qui pénère dans l’espace de la vénération. C’est un paradoxe inévitable d’exposer les choses liés à la vie religieuse (et nomade) dans un contexte laïque (et civilisé) ; néanmoins, un compromis n’est pas impossible, il serait peut-être mieux que l’on organise par exemple la re-présentation des (mini) foires tibétaines, comparables aux foires médiévales qui ont régulièrement lieu en Midi-Pyrénées.

Les organisateurs ont pourtant pensé au principe du spectacle, on peut voir ainsi plusieurs stands de démonstration où quelques Tibétaines travaillent sur un métier à broder, quelques moines qui montrent l’art de la construction d’un grand temple sablé (ou plutôt une sorte d’arène? Quelle magie de mot...), dit « dul-tson-kyil-khor » en tibétain. Celui-là est l’une des meiveilles que l’on peut rencontrer lors de la visite. Dans la matière qui sert à la construction d’un temple sur un plateau modelé, il n’y a pas que les sables, c’est un mélange de grains de l’or, des pierres précieuses, des pétales, du riz et des sables blanc. C’est avec ce mélange que, lors des cérémonies religieuses, les moines parviennent à construire un temple coloré et scintillant, dont la structure ordonnée, transformée du chaos, synthétise et symbolise au grand celle d’un pays et d’un territoire, au petit celle d’un corps humain. Le processus de la construction est en même temps un exercice religieux pour ces moines : « la prospérité mondaine, ce n’est qu’une poignée de sable /繁华世界不过一掬细沙. », dit ainsi le maxime bouddhique. En effet, quand un coup de vent va tout emporter, il ne restera que le néant, ou son contraire, l’éternité.

(source des deux photos: ICI)

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Infos Pratiques:

- Site de l’ONG organisatrice CAPDTC (China Association for Preservation and Development of Tibetan Culture): (En/Chi) http://www.capdtc.org/

- Site sur la culture tibétaine : (En/Chi/Tib) http://en.tibetculture.net/

- Site de l’exposition tibétaine à Shanghai : (Chi) http://www.jixianghada.org/



(
Source: Cantabile. Pour toute copie ou reproduction, merci d'indiquer le lien vers ce site comme provenance.)

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