samedi 5 juillet 2008

Les Chinois sont-ils toujours francophiles ?

Introduction du Pr Jean-Jacques GODFROID, animateur de la conférence-débat

D’emblée il élimine toute langue de bois et affirme que la réunion est organisée par la diaspora chinoise française, en dehors de tout autre appui que ses propres convictions.
Les chinois de la diaspora de nationalité française ou résidents, comme beaucoup d’experts français en ont assez d’entendre n’importe quoi sur la Chine, étant entendu que, dans notre pays, le politiquement correct est d’agiter le chiffon rouge devant cette nation qui est en pleine mutation.

Il confirme que cet état de fait porte atteinte à la bonne tenue du dialogue, puisque beaucoup de propriétaires de salle ou organismes spécialisés ont fermé leur porte, sous différents prétexte, le meilleur d’entre eux étant de redouter les manifestations des pro-tibétaines ! No comments …

Pour sa part, il se considère comme un laïque positif. Il a un profond respect pour tout ce qui concerne la religion et la philosophie et n’a aucun ostracisme pour tel ou tel. Cependant, il fait une césure nette entre le spirituel qui est de l’ordre de la sphère privée, et le temporel qui est celui de la sphère publique. Il n’y a pas d’exemple où des dérives graves n’aient pas eu lieu quand la religion se mêle de la gestion d’un état quelles que soient les obédiences.

N’étant pas médiatisé, il rappelle très succinctement une partie de son cursus.

C’est un universitaire, ancien Directeur de Recherches d’une unité scientifique et ancien vice-président, en charge de la Recherche et de la Valorisation de l’Université Paris7-Denis Diderot. Dans ses activités internationales, il s’est spécialisé, entre autres, et depuis presque vingt cinq ans dans les relations universitaires et technologiques avec les pays émergents comme la Chine, mais aussi avec l’Algérie.

Compte tenu de son « âge avancé », il y 35 ans, il a animé des échanges avec les collègues des Pays de l’Est au temps du rideau de fer : faire sortir un étudiant pour effectuer un échange était une sinécure. Il peut donc témoigner de ce qu’était une région fermée au monde extérieur, et cette fermeture est la première caractéristique d’une dictature. Alors pourquoi les étudiants chinois aujourd’hui circulent-ils librement, vont se former à l’étranger, reviennent en Chine ? Sont-ils sous l’emprise d’une dictature ?

Il pense que nous devons créer les conditions d’un dialogue sérieux, en historiens et en sociologues sur la société chinoise d’aujourd’hui qui n’est pas dirigée comme une démocratie à notre goût : mais peut-on lui demander d’évoluer en quelques années alors que nous miment plus d’un siècle à bâtir et à stabiliser « notre » démocratie ; mais est-elle aussi parfaite ?

Devant des spectateurs abasourdis et des journalistes incrédules, son collègue de l’Université Paris 7, Claude Allègre, rapporta, dans une émission people, que, lors d’une visite à Pékin, Lionel Jospin se vit interpellé par le Président Jiang Zemin (Retranscription de mémoire) : « Je sais que vous allez me parler de droits de l’homme comme votre collègue occidental qui vous a précédé ; je vous dis d’emblée que nous bâtirons une démocratie à la chinoise et laissez-nous le temps de la construire ! »

Par ailleurs, il a organisé avec d’autres, des missions de formation de cadres chinois en France, dans pratiquement tous les domaines et inversement été invité dans des colloques sino-européens.
Il a souligné que, pour ces cadres chinois de haut niveau, il existe deux priorités pour la Chine : la corruption (maladie obligée des pays émergents, mais avons-nous des leçons à donner ?) et l’environnement, n’en déplaise aux donneurs de leçon !

Par contre, il ne cache pas qu’il a pris clairement position pendant les événements de Tian An Men et s’est, avec des collègues scientifiques de la région parisienne, occupé des étudiants qui s’étaient désignés comme dissidents pour leur venir en aide dans leur vie quotidienne. À ce moment il n’a reçu que des fins de non recevoir de la communauté des sinologues français, notamment ceux de son université, bien plus préoccupés par leur nombril.

En revanche profondément opposé à tout BOYCOTT, il a été parmi les premiers à reprendre contact avec les universitaires chinois, en 1991, sous le couvert et le financement du Ministère des Affaires Etrangères français.
Les relations scientifiques engagées perdurent encore aujourd’hui.

Il a crié haut et fort QU’IL N’AVAIT À RECEVOIR DE LEÇONS DE PERSONNE.
Il y a beaucoup trop de gens qui parlent trop en ne connaissant rien.

« Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde » Albert Camus

Les Chinois sont-ils toujours francophiles ?

Voilà une grave question !

Quand vous rencontrez des intellectuels chinois, on vous dit toujours que la France est un pays de grande culture, ce qui est très flatteur. Ils connaissent parfaitement la littérature française, surtout du 19e siècle. Y-a-t-il réciproque en France : que non !

Les Chinois sont infiniment reconnaissants du fait que la France a reconnu la RPC la première dans le monde occidental.

C’est pourquoi nous avions des relations privilégiées basées sur l’amitié, d’ailleurs que nous n’avons jamais su exploiter !!!

Voilà pourquoi, après les incidents regrettables de Paris, la déception a été grande, à la hauteur de la haute considération qu’avaient les Chinois de la France.

Les pro-tibétains n’ont pas et ne feront pas bouger la Chine, ils auront contribué à se faire rapprocher le peuple chinois, et surtout ses jeunes, de son gouvernement et au-delà, la diaspora et l’ensemble des pays asiatiques, comme émergents. Même des dissidents se sont dits d’accord avec le gouvernement.

ON NE FAIT PAS PERDRE LA FACE AUX ASIATIQUES ! LES JEUNES ONT PERDU L’ILLUSION DE L’OCCIDENT.

Bref un gâchis incroyable quand on sait que l’évolution d’un pays vient de l’intérieur et que les coups de butoir extérieurs et les boycotts ne servent à rien.

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