lundi 24 novembre 2008

Grandir avec la Chine avec toutes la peine et le bonheur - un témoignage d'un père écrit par sa fille

Il est né en 1947 dans un petit village dans la montagne.

En cette année-là, la Chine était encore en guerre civile. Son village a été occupé par l’armée de Tchang Kai-check, les habitants ne l’aimaient guère car les pillages des paysans étaient très fréquents.
Après, une autre force qui s’appelle encore aujourd’hui « l’Armée populaire de libération » est arrivée dans son village et a expulsé l’armée adverse.
Les rôles furent inversés : les seigneurs devinrent des camarades comme les autres et des terres furent données aux paysans. Ces parents qui avaient travaillé toute leur vie pour les seigneurs a également reçu sa parcelle de terres cultivable. C’était bien la première fois qu’ils avaient accès à la propriété privée.

En 1949, la République Populaire de Chine est établie par le parti communiste de Mao Tsedung. Comme beaucoup de chinois de cette époque, ce couple de paysans donna le prénom « li guo » à son fils, cela qui signifie « la fondation de la Chine ».

La dureté et la pénibilité du travail et des tâches quotidiennes provoquèrent la mort du père de ce garçon. Désormais, celui-ci, son frère et sa sœur furent la force de travail et le gagne-pain de la famille. Ce garçon devait s’occupait du bœuf, de faucher le foin et d’aider sa mère.

Il n’est jamais allé à l’école. Jusqu’au jour ou les chefs de village ont décidé qu’ils allaient ouvrir une école libre d’accès à tous les enfants. Ce garçon s’est alors dit qu’il pouvait également faire des études, mais sa mère n’était pas d’accord. Sa mère qui avait passé toute sa vie dans la campagne ne comprenait pas à quoi les études servaient vraiment ? ». Mais quand il a vu que les autres enfants allaient à l’école, il a abandonné son bœuf et il est allé rejoindre ces nouveaux camarades.

A l’école, il apprit à écrire, les mathématiques, le russe…Il aimait beaucoup la littérature. Son rêve fut alors de devenir écrivain. En 1966, il avait 17 ans et il était en terminal, le bac arrivait bientôt. Il était impatient de le passer car il voulait sortir de son quotidien dans ce petit village et faire ses études dans les villes avoisinantes. Peut-être, son rêve de devenir un écrivain pourrait se réaliser aussi…

Mais en juin, la cession du bac ne commença jamais, un mouvement qu’on appelle « la révolution culturelle » était en train de se propager sur l’ensemble du pays continent. Les écoles et les usines furent fermées. La révolution était devenue le centre de la vie quotidienne.

Comme tous les jeunes, il alla un jour à Pékin pour saluer le président Mao. A cette époque la, le voyage pour voir le leader était totalement gratuit. Ce fut l’un des meilleurs moments de sa vie, il ne pourra jamais oublier le monde fou à la place Tian an men et l’effervescence ambiante.

A l’exception de ce voyage dans la capitale, cet adolescent est resté toujours dans son village. 7 ans s’écoulèrent comme cela.
En 1973, une chance arriva enfin : les universités chinoises commencèrent à reprendre leurs activités et pour son village une place se libéra pour faire des études dans le domaine de la Toxicologie à l’université. A cette époque où un diplôme de licence était quand même rare, il ne voulut pas rater cette opportunité. Mais il n’avait jamais entendu ce mot « toxicologie » avant et ne savait donc pas du tout à quoi s’attendre. Le doute s’installa dans son esprit.
Mais, en finalité, son frère lui dit : « si tu peux faire l’université, tu pourras avoir un diplôme de niveau licence et ton salaire sera doublé par rapport aux autres ». Il accepta donc cet avenir plus qu’incertain.

La vie dans la ville fut différente, plus solitaire. Dans sa classe, les étudiants étaient différents aussi, la différence d’âge pouvait se révéler énorme : de 13 à 30 ans. Après 4 ans d’études, il a finalement décidé de rester dans son université pour gagner sa vie comme enseignant. Il s’est marié avec une femme qui a suivi le même parcours que lui et un premier enfant naquit de cette rencontre.

A partir des années 80, la Chine commença à pratiquer la politique de l’enfant unique. Mais le désir d’avoir un garçon lui fit prendre le risque d’avoir un second enfant : ce fut une autre fille … Ce qui lui procura quand même une grande joie et plaisir !


Mais à cause de ce second enfant, il reçut une amende. Pendant 7 ans, il dut payer la moitié de son salaire. Le travail fut plus pénible et même le weekend.

Il a du aussi se lever tôt pour faire les courses dans une époque ou le rationnement alimentaire était de mise et ou la quantité de consommation de chaque famille était énoncée par l’Etat. Pour acheter des œufs, il devait se lever à 4 heures du matin pour faire la queue, parfois en arrivant si tôt, il était trop tard.

Vers la fin des années 80, certains chinois commencèrent à s’enrichir. Mais, cet homme trouva alors que la réforme économique ne faisait bénéficier que les hommes d’affaire et les gens ayant des relations.

Il travailla toujours dans son l’université avec un petit salaire et eut des promotions (de l’enseignant - l’assistant de professeur –vice professeur). Il publia aussi son premier livre sur le thème de la toxicologie. A 55 ans, une autre chance arriva, son université décida de l’élire comme candidat pour être professeur, car parmi tous les vice-professeurs de son département, il travaillait le plus et publiait le plus d’articles dans les magazines professionnels.
Mais le seul problème fut qu’il devait passer une épreuve en anglais. Pour un homme de 55 ans qui n’a appris que le russe quand il était jeune et qui ne connaît que quelques expressions, ce ne fut pas une tâche facile. Mais enfin il accepta ce défi, à l’âge de 55, il a repris ses études, pendant 6 mois, dormi dans son bureau et travaillé son anglais tous les jours, enfin, il a réussi cette épreuve et a obtenu son titre de professeur. C’est le plus grand honneur de sa vie, car il dit toujours « je suis un fils de paysans, je ne possède pas de ressources spéciales, d’un jeune qui vient de la campagne au professeur de l’université, j’ai tout gagné avec mes propres efforts »

Cet homme est mon père, aujourd’hui il est rentré de nouveau dans son village pour passer sa retraite. Il est comme on l’appelle communément « la première génération de Chine », il a vécu la période la plus pauvre de Chine (pendant 55-58, il a mangé pendant trois ans des patates douces), il est aussi le témoin de l’évolution de la société chinoise. Il se plaint de la réforme économique car il trouve que le communisme est en train de disparaître, mais il est content de sa vie matérielle la reforme de système universitaire a fait augmenter ses revenus et lui a permis d’acquérir son propre appartement. Il aime le président Mao mais n’aime pas Deng Xiaoping, pourtant mon père a bénéficié de sa réforme économique…

J’ai choisi de raconter une histoire vraie, c’est parce qu’après que je suis arrivée en France, j’ai trouvé qu’il y avait une grande méconnaissance. Comme la vie de mon père, peut-être pour vous celle-ci est dure, mais pour mon père, il est satisfait, car même qu’il y a beaucoup de difficultés dans sa vie, il trouve quand même satisfaction car il a réussi par ses propre efforts, et cela donne un sens réel à sa vie.
Quand vous regardez la chine, vous essayez de la voir avec votre point de vue, parfois c’est pas mal, mais la plupart du temps, on n’essaie pas de comprendre la chine et surtout son histoire, on ne la critique que comme un système communiste froid. Nous avons beaucoup de problème et la chine est loin d’être parfaite, mais quand même la bas il y a des gens qui vivent avec une grande décence.
Enfin, je peux dire qu’on avait parfois besoin de plus compréhensions et de moins de critiques.

Par ZHOU Hewei

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